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Les marionnettes birmanes

Selon la légende, la marionnette (Yoke thé en birman) apparaît approximativement au XVe siècle, principalement pour divertir la classe dirigeante de la royauté. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, sous la dynastie des Konbaung, de nombreuses troupes de marionnettistes suivaient le cours de l’Irrawaddy et parcouraient l’ensemble du pays avec leurs scènes mobiles. Progressivement, ils s’installèrent alors au sein de la communauté et de la culture locale. L’art des spectacles de marionnettes s’est ensuite développé, notamment en y intégrant des danses, et a connu un grand succès à cette époque. Il constituait alors une activité indispensable lors des grandes fêtes ou des événements importants. En fait, les performances de marionnettes étaient non seulement un divertissement mais furent aussi un très bon moyen de diffuser des informations politiques aux habitants mais aussi exprimer des critiques envers certains problèmes.

Durant la période coloniale au XIXe siècle, cette forme d’art mettait en scène les souhaits et les désaccords du peuple contre les abus des régimes dominants. En effet, les habitants utilisèrent des pièces de théâtre comme une forme de satire, pour exprimer leurs problèmes sociaux, leurs blagues et surtout leurs moqueries envers les Britanniques. Pour cette raison, le théâtre de marionnette n’a pas survécu longtemps et le nombre de troupes décroissait nettement. 

Après l’indépendance du pays, il traversa une crise existentielle en ayant souffert d’un grand manque d’artistes. C’est le résultat de la décolonisation, des conflits internes ainsi que du refus des arts et de la culture moderne durant des décennies de dictature militaire. Le gouvernement s’inquiétait alors d’être considéré comme un gouvernement fantoche et que le peuple utilise les marionnettes pour les moquer, comme durant la période coloniale. En raison de ses prises de positions politiques et sociétales, cet art fut sérieusement restreint par des censures strictes appliquées par le gouvernement.  

Avec leurs mouvements souples, leurs couleurs vives et leur apparence soignée, les marionnettes semblent prêtent, tels des Pinocchio, à prendre vie. Les marionnettes birmanes sont sculptées dans le  bois, puis polies avant d’être poncées et peintes. Le choix du type de bois utilisé pour la fabrication de la Marionnette Birmane fait appel aux connaissances d’un savant astrologue et d’un authentique botaniste. Une fois les traits sculptés, du maquillage est appliqué sur le contour des yeux issu de mixtures de bile de poisson, de résine de tamarin. Les marionnettes sont peintes et sont parées de vêtements cousus à base de tissus raffinés (soie) avec paillettes (ou d’habits brodés finement). Elles portent alors des bijoux constitués de perles nacrées, des pierres précieuses en verre.

 

Chaque marionnette est généralement composée de 17 à 19 morceaux de bois et animée par 11 cordes (la plus compliquée peut en contenir jusqu’à 60, avec, par exemple, mouvements des sourcils !). La tête et les épaules sont contrôlées par 5 cordes alors que les bras et les jambes sont attachés aux 6 autres. La manipulation des marionnettes exige donc des artistes une certaine dextérité qui ne viendra qu’avec la pratique pour insuffler la vie aux figurines de bois. Jusqu’à 28 personnages principaux sont employés dans une pièce de théâtre : des dieux, des animaux, des monstres et des membres de la famille royale.