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Pas à pas de la sculpture de la tête de Tchantchès en marionnette de 35 cm

Outre les petits couples de marionnettes assez élémentaires emblématiques de Tchantchès et Nanesse et en dehors de la production de marionnettes liégeoises traditionnelles, l’atelier fabrique aussi des marionnettes de taille intermédiaire (35-40 cm).

Ces marionnettes du mythique couple, dont les têtes ont la particularité d’être entièrement sculptées de façon conventionnelle, servent surtout à assurer la promotion de la culture et du patrimoine liégeois via des marchés de Noël, des expositions, des stands lors des Fêtes de Wallonie, des dépôts chez des commerçants liégeois ou encore à l’Office du Tourisme de la Ville de Liège.

La sculpture de ces marionnettes n’est pas toujours aisée en raison de la petite taille de la pièce de bois et de la nécessité de préciser suffisamment les détails anatomiques pour les rendre « lisibles ».

C’est la raison pour laquelle, nous développons dans cette section une méthodologie graduelle pour produire ces pièces de sculpture.

Matériel utilisé

Burins: 12 (60°) et 13 (45°): cintres 4-6-8-10
Gouges à bretter: 11/2 – 11/3 – 11/7 – 11/10 – 11/15
Gouges méplates: 2/3, 2/4, 2/5, 2/8, 2/20, 2/35, 3/8
Gouges semi-creuses: 4/4, 4/6, 5/4
Gouges creuses: 6/6, 6/8, 6/20, 7/6, 7/8, 8/4, 9/4, 9/15
Néron 1s/2

Finitions

Papiers abrasifs de grain 80, 120, 200, 320
Enduit de lissage du bois
Fond dur
Apprêt universel (Gesso)
Peintures acryliques
Fixateur universel (Windsor et Newton)

Méthodologie

La première étape consistera à coller la face et le profil d’un calque de détourage sur une pièce de tilleul de 80 x 55 x 65 mm puis d’assurer un détourage bidimensionnel selon la méthode décrite ailleurs, à l’aide d’une scie de précision Pégas

Une fois la pièce détourée, il conviendra de tracer toutes les lignes médianes divisant les faces et profils puis marquer la largeur maximale du nez (environ 12 mm) sur la face tandis que sur les profils droit et gauche, on dessinera la profondeur de la face antérieure du globe oculaire ainsi que l’extrémité postérieure de la narine (ces deux structures sont approximativement sur une même ligne).

L’arcade sourcilière sera aussi positionnée sur la face et les profils.

D’emblée de jeu, les oreilles seront positionnées puis immédiatement détourées (burin 12/10, par exemple). Il est essentiel de le faire dès le début, au risque de « manquer de matière » lors de l’ovalisation de la tête, en oubliant les oreilles…

Une fois les oreilles positionnées, il est aussi possible de marquer d’emblée l’angle de la mâchoire (gouge 11/10 ou 11/12)

Tous ces repères fixés, on pourra retirer la matière située sur la face, à l’extérieur des narines et sur les profils, sur une profondeur s’arrêtant à hauteur du bord postérieur de la narine et du bord antérieur du globe oculaire.

Le retrait de matière peut se poursuivre, dans le même plan, jusqu’au bord inférieur de la mâchoire, ce qui commencera à définir le menton.

 

Cette manoeuvre permet de « sortir » progressivement le nez.

A la limite haute de ce retrait de matière, on marquera les arcades sourcilières à l’aide d’une gouge à bretter (gouge 11/10 ou 11/12) en s’efforçant d’atteindre, en profondeur le niveau de la face la plus antérieure du globe oculaire.

Lorsque tous les niveaux sont atteints, la pièce doit se présenter comme montré sur la figure: les profondeurs de l’oeil, de la narine et de la pommette sont définies et respectées

 

La même opération sera menée de l’autre côté, en essayant de symétriser au mieux les deux zones de retrait de matière..

 

Après cette première étape, on peut entreprendre l’arrondissement du crâne (gouge 2/20 en « reverse »). L’arrondissement doit se poursuivre jusqu’aux lignes médianes tracées sur les faces et profils tout autour de la tête.

On commence aussi l’arrondissement des joues vers le bas jusqu’au menton. L’oreille, à laquelle on n’a pas touché, se dégage de plus en plus.

 

L’arrondissement se poursuit à la face postérieure du crâne, également jusque la ligne médiane tracée à l’arrière de la tête.

L’arrondissement peut être facilité par quelques coups de râpe à grains fins

Les tempes vont aussi être arrondies. Pour mémoire, la zone de transition entre le plat de la face et le profil, se situe aux environs du tiers externe du futur oeil, l’orbite se développant latéralement vers l’arrière. Elle sera ultérieurement encore creusée presque jusqu’au niveau de l’oreille.

Le bord postérieur de la narine va être correctement redessiné

 

A ce stade, le bord postérieur de la narine va être marqué (gouge 6/6 ou 7/6) et dégagé également sous le nez ce qui permettra l’enlèvement en « arche » de la future bouche (abaissement  et approfondissement des commissures externes de lèvres).

Dans toutes ces étapes, on procédera toujours par symétrisation droite/gauche.

Les joues vont être légèrement creusées (gouge 6/20) pour commencer à marquer les pommettes.

A l’aide d’un burin (12/4 ou 12/6), les sillons nasogéniens vont être ébauchés pour définir l’extrémité des lèvres

 

A l’aide d’une large gouge très creuse (11/15), l’espace derrière la mâchoire va être davantage ouvert pour commencer à définir la région sous-mentonnière

Le tracé de la bouche va être dessiné pour être définitivement positionné tandis que le nez va être progressivement arrondi.

Les versants internes des orbites vont être davantage approfondis tout en creusant le long de l’aile du nez, à partir des bords supérieurs des narines.

L’angle de la mâchoire va être aussi progressivement modelé et arrondi

A ce stade, un premier pré-ponçage va être effectué afin de mieux déterminer comment commencer la mise en place des détails.

Les surfaces qui vont recevoir les yeux vont être aplanies avec un léger bombé vers l’avant.

Le nez va être de plus en plus modelé dans tous ses axes et le relief de la future bouche davantage affiné, en particulier en creusant un espace sous le relief de la lèvre inférieure (gouge 11/3).

Comme mentionné plus haut, les orbites vont être davantage creusées et surtout orientées vers l’arrière en direction des oreilles, tout en laissant cependant un espace libre avec ces dernières.

Les joues vont être encore davantage creusées (gouge 6/20), de façon presque caricaturale pour faire sortir le relief des pommettes.

La bouche va être creusée et les lèvres éversées, respectivement vers le haut et le bas (gouges 4/4 et 4/6).

L’emplacement des yeux et des narines vont ensuite être tracés

Les narines seront creusées avec une gouge à bretter (11/3).

Les yeux seront découpés avec des gouges assez plates (2/4 ou 3/4, 2/5 ou 3/5) en fonction de  la courbure de l’oeil. La matière sera dégagée par une gouge 5/4 et le globe arrondi  (2/4 ou 2/3) en lui donnant une petite inclinaison vers le bas.

Les angles internes et externes des yeux seront creusés davantage en utilisant un néron de petite taille (gouge type 1s).

La paupière supérieure sera soulignée avec une gouge 9/4, tandis que l’inférieure sera marquée avec une gouge 8/4 en prolongeant le creusement largement vers le profil du visage.

Le bord de a casquette sera dessiné à l’arrière de la tête puis défini à l’aide d’un burin de 60°.

Il en est de même des cheveux.

Les oreilles seront simplement arrondies par découpe à la gouge (6/8).

Elles ne bénéficieront d’aucune autre sophistication anatomique qu’un simple creusement (gouge 9/15) après que le bord antérieur de l’oreille ait été abaissé, par une large gouge méplate (2/20) presqu’au niveau de la peau du profil.

La narine sera encore davantage marquée par une gouge creuse (11/3).

Quelques détails complémentaires peuvent être ajoutés comme faire légèrement ressortir les sourcils et les cheveux devant les oreilles (découpe au burin 12/4 ou 13/4 puis aplatissement adjacent au ciseau)

La pièce sera ensuite poncée avec graduellement des grains de 80, 120 et 160.

Afin d’éliminer le maximum de petites imperfections, la pièce sera ensuite couverte d’enduit de lissage du bois.

Après séchage (environ une heure), la pièce sera à nouveau soigneusement poncée avec des grains de 120, 160 et 220, ne laissant l’enduit que dans les zones d’obturation des imperfections.

Après cette étape, on appliquera au pinceau, une couche de Fond dur, produit reserrant les pores du bois et assurant une étanchéité du tilleul ainsi qu’une meilleure accroche des couches de finition.

Après nouveau séchage (environ une heure), la pièce sera encore poncée mais avec un abrasif très fin (grain 320) pour coucher les fibres relevées du bois.

La pièce va ensuite recevoir une couche de Gesso, apprêt universel avant peintures acryliques et application d’un fixateur universel

Résultat final