Les variétés de marionnettes de par le monde…
Il existe de très nombreuses variétés de marionnettes en fonction de leur origine, de leur mécanisme, de leur complexité, de leur rôle socio-culturel, de leur degré de finition. Leur histoire remonte pour la plupart, à de très nombreux siècles…
Cette section, loin de vouloir être exhaustive permet déjà de mieux appréhender les divers types existants qui ont tous eu, probablement un rôle dans leurs développements respectifs mutuels, chacun s’appropriant en tout ou en partie, l’une ou l’autre caractéristique des autres variétés de marionnettes, ce qui donne aujourd’hui une extraordiniare diversification des styles mais qui convergent sans doute tous vers un but sociétal et culturel commun.
Les marionnettes à tringle
Elles sont manipulées, parfois de façon très énergique, en surplomb (la main du manipulateur est située au-dessus de la figurine), au moyen d’une tringle métallique rigide fixée avec un crochet sur le sommet de la tête de la marionnette, qui peut ainsi pivoter. Les bras peuvent aussi être manipulés au moyen de tringles secondaires, plus fines, voire par des fils.
Ce type de marionnettes est traditionnel en Belgique (marionnette liégeoise), dans le nord de la France et en Sicile (opera dei pupi). Il est généralement utilisé pour interpréter un répertoire épique (comme La chanson de Roland ou la Chanson des quatre fils Aymon).
Tchantchès et Nanesse sont les figures emblématiques du public liégeois. Dans le pays borain, on retrouve les poriginelles de Tournai, les bolomes de Mons. Les personnages du Théâtre royal de Toone, à Bruxelles, sont aussi des marionnettes à tringle ; Woltje, le personnage central de ce théâtre, dispose d’une deuxième tringle lui permettant de déplacer son bras droit, principalement pour saluer en soulevant sa casquette.
En Picardie, les bras des marionnettes à tringle sont animés par des fils. On les appelle cabotins et le cabotin le plus célèbre est Lafleur, distribuant ses coups de pieds au gendarme (le cadoreux), ce qui explique que seul Lafleur, parmi les marionnettes picardes, a les jambes raides et non articulées.
On considère que la marionnette à tringle est l’ancêtre de la marionnette à fils en Europe
Les marionnettes liégeoises à tringle
Les poriginelles de Tournai dont certaines restent à identifier
Woltje du Théâtre Toone de Bruxelles
Lafleur, d’Amiens , pourfendeur des injustices sociales
Les marionnettes à fil
Appelées aussi fantoches, de l’italien fantoccio, elles ont un corps rigide et articulé, mû par plusieurs fils attachés aux bras, aux mains et aux jambes (genoux pour la marche, pieds), aux reins et bassin (bascule avant ou latérale) aux tempes, front et nuque (mouvements de la tête).
On les manipule à l’aide de traverses en bois, appelées contrôle, ou croix d’attelle. Elles sont donc manipulées par le dessus. Leur manipulation demande beaucoup de dextérité. La technique permettant de relier une marionnette à fils à son contrôle est appelé ensecret, car chaque marionnettiste possède ses secrets de fabrication et ses savoir-faire.
Les plus raffinées sont en Birmanie, où la complexité des gestes des personnages nécessite des marionnettes articulées parfois jusqu’aux doigts.
Pinocchio, marionnette typique à fils
Marionnette à fil, Santorin, Grèce
Marionnettes à fils népalaises
Manipulation d’une marionnette birmane
Elégante marionnette birmane
Marionnettes birmanes, mécanisme
Les marionnettes à gaine
Elles sont animées par la main du manipulateur qui glisse un bras dans la gaine et peut contrôler avec ses doigts la tête et les bras du personnage, de diverses manières. Les marionnettes les plus connues en Europe sont des marionnettes à gaine : en France, c’est Guignol, né à Lyon ; en Italie, c’est Pulcinella, principal protagoniste du théâtre de burattin ; il devient Punch en Angleterre, Hans Wurst (Jean-Saucisse) ou Kasperle en Allemagne.
L’avantage des marionnettes à gaine (qu’elles partagent avec les marottes à main prenante) est qu’elles puissent prendre directement des objets, comme « l’éventail à bourriques », trique tenue par Guignol ou encore le gourdin de Punch.
Une variante est la marionnette à gaine à bouche animée, où la main du marionnettiste est placée en pince pour former la bouche du personnage. En Chine, où les marionnettes à gaine sont très développées et sont techniquement très complexes, la bouche et les yeux peuvent être mobiles. Quant à la manipulation, en élévation, elle relève d’une grande virtuosité, assimilable à une forme de jonglage.
Traditionnellement, les marionnettes sont manipulées cachées derrière un castelet mais il existe aussi des manipulations à vue, faisant jeu du dialogue entre la marionnette et son marionnettiste, utilisant la dissociation de sa voix ou le ventriloque.
Guignol (Lyon, France)
Kasperle (Allemagne et Autriche)
Petrouchka (Russie)
Polichinelle (France)
Pulchinella (Italie)
Punch (Angleterre)
Don Cristobal (Espagne)
Tatayet: marionnette à gaine et à bouche animée (Belgique)
Les marionnettes à prise directe ou marionnettes à contrôle
Marionnettes de grande taille (90 à 140 cm), comme celle du bunraku japonais (livret japonais de légendes et récits édifiants, joué par des poupées), elles sont manipulées à vue par plusieurs manipulateurs à l’aide de contrôles fixés sur différentes parties du corps ou en « théâtre noir » (les manipulateurs sont pratiquement invisibles, car vêtus de noir et masqués ; seule la marionnette est éclairée).
Marionnette à prise directe
Marionnette à prise directe en théâtre noir
Les pantins
Ce sont des figurines articulées en carton ou en bois plat dont on fait mouvoir les membres au moyen d’un fil. Le jumping jack en anglais ou Hampelmann en allemand, est une sorte de pantin articulé par une ficelle médiane. Lorsqu’on tire sur la ficelle, les bras se lèvent et les jambes d’écartent.
Jumping Jack
Hampelmann
Les Marottes
Il s’agit, en général, d’une tête plantée au bout d’un bâton, à la manière du sceptre du bouffon surmonté d’une tête coiffée d’un capuchon garni de grelots. Dans les cas de la marotte à main prenante, la main qui tient le bâton est masquée par une draperie d’où sort l’autre main du manipulateur, qui fait fonction de la main de la marionnette.
Marotte
Marotte à main prenante
Les marionnettes à tiges (intérieures ou extérieures)
Comme les marottes, elles consistent en une tête plantée sur un bâton central. Il s’agit donc d’une manipulation en élévation. Parfois le torse et les bras ne sont pas fixés à la tige qui supporte la tête, ce qui permet de la mouvoir séparément. Les mains sont contrôlées par des baguettes en fil de fer rigide.
Le wayang golek du pays Sunda (Java occidental) est une marionnette à tiges, en bois polychrome sculpté en ronde bosse, dont les tiges sont placées à l’extérieur, attachées aux mains, et donc visibles. Elle a influencé l’utilisation de ce type de marionnettes en occident. Des fils peuvent aussi s’ajouter à la marionnette à tige, ce qui permet d’articuler d’autres parties du corps, comme la bouche, les yeux voire les jambes.
En Chine, dans la province de Guangdong, les tiges sont placées à l’intérieur du costume et donc invisibles du public. Ces marionnettes sont en bois de camphrier sculpté et peint. La tête est évidée par le haut pour y insérer les mécanismes des yeux et de la bouche, mécanismes installés par la nuque creusée puis refermée par une plaque en bois.
Wayang Golek (Java occidental)
Marionnettes à tiges internes de Guangdong
Les marionnettes du théâtre d’ombre
Les personnages du wayang kulit indonésien sont confectionnées en cuir finement ciselé et peint, ajouré et maintenus par une tige de corne, de bois ou de bambou. Ils sont manipulées par le dalang, derrière un drap et devant une lampe.
Le Pi ying chinois est une figurine articulée, délicatement découpée et ajourée sur toute sa surface, en peau (d’âne en général) translucide, rigide, enduite d’huile de sophora, laquée et finement colorée. Les pi ying sont articulées; elles sont animées au moyen de longues et fines baguettes de métal ou de bois, derrière un écran de soie blanche où, vivement éclairées, elles se détachent en « ombres chinoises ».
Wayang kulit (Indonésie)
Wayang kulit (Indonésie)
Figurine Pi Ying
Figurines Pi Ying ombres chinoises
Les marionnettes sur l’eau
Ces marionnettes ne subsistent plus qu’au Vietnam (Mua Rôi nuoc). Les marionnettistes manipulent des figures minutieusement sculptées dans du bois de figuier, hautes de 50 centimètres environ (mais certaines jusque 1 mètre), qu’ils tiennent par des baguettes de bambou de 3 à 4 mètres de long, de manière équiplane unique au monde, et animent par une transmission mécanique, la marionnette surplombant le socle immergé, à la fois contrepoids et flotteur qui les maintient en équilibre au-dessus de l’eau. Chez les marionnettes dont certaines parties doivent bouger, des fils ( de métal, de lin, de soie et aujourd’hui de nylon), passent à l’intérieur du corps, traversent le socle puis courent tout le long du bambou, jusqu’à la main du manipulateur. Parfois plusieurs bambous horizontaux servent à manipuler un seul personnage (danseuses, animaux, …) monté comme une marionnette à tiges dont la tige verticale pivote librement dans la perche de bambou.
Les manipulateurs, immergés dans l’eau jusqu’à la poitrine, sont dissimulés par un décor de temple, recouvert d’un rideau de bambou à claire-voie. Ils jouent une série d’interludes mettant en scène des épisodes mythologiques ou des situations de la vie villageoise, qui présentent la nation vietnamienne sous un jour humoristique.